Contrairement à ce qui avait été annoncé il y a quelques semaines par de multiples instances officielles, l’année 2014 ne restera pas dans les annales comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, en raison notamment d’une plus grande fraîcheur dans l’Antarctique. Les deux années les plus chaudes ont été 2005 et 2010, 2014 se trouvant en troisième position, selon les travaux de réanalyse du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT).
« 2014 n’est pas l’année la plus chaude jamais observée, selon l’analyse des jeux de données et en regard des valeurs nominales, bien qu’il y ait très peu de différence entre les trois années les plus chaudes», selon le directeur de l’analyse du CEPMMT, Jean-Noël Thépaut, qui a présenté récemment à Paris le projet européen « Services du changement climatique » de Copernicus[1]. Quoi qu’il en soit, « la tendance globale au réchauffement est plus importante que le classement de telle ou telle année », a-t-il ajouté. En effet, le fait que ces trois années record se situent toutes lors de la dernière décennie illustre bien l’accélération du phénomène de réchauffement planétaire.
Le programme de réanalyse du CEPMMT – qui permet de croiser systématiquement toutes les données, a confirmé que « 2014 était effectivement une année chaude, mais pas la plus chaude. La divergence est essentiellement due aux différences de couverture de données sur l’Arctique et l’Antarctique, ce qui suffit à affecter le positionnement des différentes années. L’étude, l’analyse et la réanalyse de l’ensemble des données satellitaires disponibles ont été complétées par des observations in situ », selon Jean-Noël Thépaut.
La tendance globale au réchauffement est plus importante que le classement de telle ou telle année.
La plus grande partie de la planète a subi une chaleur record en 2014 sauf dans l’Antarctique dont les températures ont été inférieures à la moyenne. Le directeur de la recherche du CEPMMT, le Pr Erland Källen, insiste à ce propos sur « l’importance de bien comprendre le fonctionnement des interactions entre l’atmosphère et les océans », ce qui va faire l’objet de travaux approfondis.
Début février, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) avait indiqué que l’année 2014 avait été la plus chaude jamais enregistrée, en se basant sur la température moyenne de l’air : + 0,57 degré Celsius en 2014, + 0,55 degré en 2010 et + 0,54 degré en 2005. Sous-estimée à la fin de l’an passé, la « fraîcheur » de l’Antarctique explique pourquoi 2014 a été « rétrogradé ». Les résultats définitifs et chiffrés concernant 2014 seront rendus public courant mars par l’OMM, à partir notamment des travaux de réanalyse du CEPMMT. L’année 2014 a aussi été caractérisée par une température très élevée de l’eau de surface des océans qui, combinée à d’autres facteurs, a provoqué des pluies exceptionnellement fortes et des inondations dans de nombreux pays et une sécheresse extrême dans d’autres régions.
Le programme de réanalyse du CEPMMT, qui couvre plus d’un siècle d’observations, joue un rôle clé dans les « Services du changement climatique » de Copernicus qui vient d’être lancé pour le compte de la Commission européenne et sera coordonné par le même Jean-Noël Thépault. Selon lui, il existe « un besoin crucial d’informations et de services sur le changement climatique ». « Les politiques d’adaptation et d’atténuation doivent s’appuyer sur une information appropriée pour aider les citoyens et les nations à mieux faire face aux changements environnementaux et à un climat qui évolue rapidement dans de nombreuses régions, ce qui sera le rôle de ces nouveaux services », a-t-il précisé.
[1]Copernicus est un programme phare de l’Union européenne portant sur l’observation et la gestion de l’environnement de la Terre, en lien étroit avec les institutions nationales et internationales comme l’OMM. Il doit monter en puissance pour devenir pleinement opérationnel en 2020.
Site officiel du CEPMMT : http://www.ecmwf.int/
Photo : océan Arctique, 2011 (NASA/FLICKR/CC).