Le 23 septembre 2015 par Louis Germain

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IMG_5149, juillet 2013, (germanborrillo/Flickr/CC).

Pour alimenter en électricité la conférence sur le climat de Paris, la France n’a pas hésité longtemps entre l’offre d’EDF et l’offre d’Enercoop.

 

Enercoop, la coopérative qui fournit une électricité 100 % renouvelable, avait naïvement proposé ses électrons verts à la COP 21, la conférence mondiale sur les changements climatiques organisée par la France et qui se déroulera à la fin de l’année au Bourget (Seine-Saint-Denis) en présence des représentants de 195 pays. Que la conférence climat soit alimentée par l’électricité sans CO2 d’Enercoop, qui est issue d’une centaine de petits producteurs d’énergie renouvelable, serait un engagement concret du pays hôte et renforcerait la crédibilité de la COP. Enercoop avait d’ailleurs mis en avant « une volonté politique d’exemplarité » en droite ligne avec les grands principes de la loi sur la transition énergétique, tout juste adoptée. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, s’était d’ailleurs enthousiasmée à l’idée qu’Enercoop éclaire la COP 21. Mais l’Etat a fait appel aux grandes entreprises pour éponger une partie des 187 millions d’euros que devrait coûter le sommet international. Pour cela le gouvernement a choisi les PPP – les partenariats public-privé – pour ne pas dire que le privé subventionne le public sous la forme du mécénat. Ce qui explique pourquoi la France a poliment décliné l’offre de la coopérative Enercoop, au profit de la multinationale EDF.

 

« La très substantielle contribution d’EDF »

 

Philippe Delacroix, Ambassadeur en charge des partenariats public-privé au secrétariat général de la COP, s’est fendu d’un courrier à la coopérative expliquant qu’un accord avait déjà été conclu avec EDF, « qui répondra aux besoins très importants de la COP21 en matière d’énergie électrique ». Le motif du refus est limpide : « la très substantielle contribution d’EDF a été placée sous le signe du mécénat, alors que cette option ne semble pas envisagée par Enercoop », écrit le diplomate. L’opérateur électrique national « prendra en charge » la consommation d’électricité de la conférence et en compensera les émissions de CO2. Et tant pis si Enercoop réinjecte ses bénéfices dans des projets d’énergies renouvelables et d’économies d’énergie alors qu’EDF investit encore dans des centrales électriques au charbon. A défaut d’une électricité sans gaz à effet de serre et 100 % renouvelable, la conférence sur le réchauffement climatique sera alimentée par une électricité majoritairement nucléaire (77 %), une petite partie proviendra des renouvelables (17 %) et environ 5 % des énergies fossiles[1]. L’exemplarité environnementale de la COP 21 en prend un coup.

 

 


 

[1] Estimation à partir des chiffres de production d’électricité par filière en 2014 en France par Réseau de Transport d’Electricité (RTE).