C’est un fait dont on n’a pas forcément conscience dans les pays riches : les inégalités d’accès à l’énergie sont toujours très importantes sur la planète.
Dans les pays en développement, trois milliards de personnes cuisinent encore à l’aide de foyers ouverts ou de poêles utilisant la biomasse, le charbon ou le pétrole. En Afrique subsaharienne, ils sont près de neuf habitants sur dix. La pollution de l’air engendrée par ces modes archaïques de cuisson tue plus de quatre millions de personnes chaque année. Sans compter les émissions de polluants qui contribuent à la crise climatique.
Si l’accès à l’électricité progresse dans le monde depuis trente ans, il n’en va pas de même pour la cuisson propre. Il est pourtant moins complexe et coûteux d’équiper les foyers d’un village avec un système de cuisson propre que de leur donner accès à l’électricité. Parmi les solutions bon marché : fours et poêles au rendement amélioré, four solaire, biogaz, etc.
Pourquoi alors que près de 30 % de l’humanité bénéficie de l’électricité, elle cuisine toujours avec des moyens anachroniques et polluants ?
Il est urgent de repenser l’accès à l’énergie dans les pays en développement, plaide Michel Labrousse, dans une analyse publiée par Global Chance en juillet. Question principale de l’étude : comment l’accès aux services électriques permettrait-il de stimuler l’accès à la cuisson propre et à la modernité en général ?
Trop souvent les projets d’accès à l’énergie pèchent par leur absence de vision globale des besoins énergétiques des populations, pas ou peu consultées, constate l’ingénieur en énergie, qui veut faire tomber « la barrière étanche » entre l’accès à l’électricité et l’accès à la cuisson propre.
Les pistes proposées par Michel Labrousse sont d’autant plus pertinentes que cet expert conçoit pour l’ONG Electriciens sans frontières des systèmes énergétiques décentralisés, basés sur les énergies renouvelables et l’autoproduction à Madagascar.
Accès aux services énergétiques modernes pour tous en Afrique, Michel Labrousse.