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Réacteur accidenté n°3 de la centrale de Fukushima Daiichi (Japon). Copyright AIEA/2011.

Une étude coordonnée par le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) et publiée le 21 juin sur le site Internet de la revue scientifique The Lancet Haematology, montre que l’exposition prolongée à de faibles doses de radioactivité accroît le risque de décès par leucémie chez les travailleurs du nucléaire.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs du CIRC se sont appuyés sur l’exposition aux faibles doses de radioactivité de plus de 300.000 travailleurs du nucléaire aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni sur une période s’étendant sur 62 ans (de 1943 à 2005). Ce temps d’observation supérieur aux études précédentes et couvrant un nombre de décès plus important augmente la précision de l’estimation du risque lié aux faibles doses de radioactivité, a précisé au Journal de l’énergie le co-auteur de l’étude, la chercheuse Ausrele Kesminiene.

« Cette étude offre l’évaluation la plus précise à ce jour du risque de développer une leucémie liée à une exposition prolongée à de faibles doses de rayonnements reçues par les travailleurs du nucléaire tout au long de leur carrière”, explique le Dr Ausrele Kesminiene dans un communiqué du CIRC daté du 22 juin. L’étude met en évidence « de solides indications » entre faibles doses de radioactivité et risque de décès par leucémie et s’appuie sur « les meilleures données disponibles aujourd’hui » selon le centre de recherche. Ces travaux se basent sur l’estimation des doses de radioactivité externe reçues par la moelle osseuse, a précisé la chercheuse.

D’autre part, l’étude montre que le risque de leucémie augmente linéairement avec la dose de rayonnement ionisant. Ce constat valide la thèse selon laquelle il n’y a pas de dose radioactive sans risque, même si « le risque diminue avec la dose », nous a expliqué Ausrele Kesminiene. La chercheuse estime que les travailleurs de l’industrie nucléaire sont aujourd’hui suffisamment protégés si les normes de radioprotection sont correctement appliquées. Est-ce le cas en France des 30.000 travailleurs sous-traitants d’EDF qui supportent 80 % de la radioactivité reçue lors de la maintenance des centrales nucléaires ?

Le CIRC est une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a identifié plus de 100 agents cancérogènes certains pour l’homme et 350 agents cancérogènes probables, dont les gaz d’échappement des moteurs diesel en 2012. L’organisation internationale qui fêtait ses cinquante ans cette année et dont le siège se situe à Lyon (Rhône), est considérée comme la référence mondiale dans le domaine de la recherche épidémiologique sur les agents cancérogènes.