Le 13 janvier 2015 par Martin Leers

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TVO, l’opérateur nucléaire finlandais qui a commandé à Areva le premier réacteur EPR au monde va opérer des coupes budgétaires a-t-on appris dans un communiqué publié le 8 janvier 2014 sur son site. En cause : la concurrence des énergies renouvelables, les retards de l’EPR et l’escalade des coûts de production du nucléaire.

TVO n’arrive plus à vendre les kWh de ses deux réacteurs nucléaires en fonctionnement à Olkiluoto (Finlande) à un prix suffisant sur le marché nordique de l’électricité pour maintenir ses marges. Comme ailleurs en Europe, l’électricité renouvelable disponible en abondance sur le marché fait souffrir les centrales conventionnelles. « Il y a tellement de renouvelables sur le marché ! » s’exaspère un porte-parole de TVO joint au téléphone, qui pointe du doigt l’éolien suédois et son tarif d’achat nettement supérieur au prix du marché. La Finlande est de plus en plus dépendante des importations d’électricité (principalement de Suède), pour partie à cause du retard dans la construction de l’EPR.

Le chantier de l’EPR porte aussi sa part de responsabilité dans les difficultés financières de TVO. Client malheureux de l’EPR en construction à Olkiluoto, TVO indique que le retard accumulé de neuf ans sur la livraison du réacteur a causé « des coûts supplémentaires remarquables. » Et c’est sans compter les 3,5 milliards d’euros qu’Areva réclame à TVO dans une procédure d’arbitrage à la Chambre de commerce internationale. L’opérateur finlandais demande de son côté 2,3 milliards d’euros à Areva.

A cela s’ajoutent le coût des mesures post-Fukushima de renforcement de la sûreté des deux réacteurs de TVO et une participation de plus en plus onéreuse à un fonds national destiné à la gestion des déchets nucléaires. Alors que le coût de production du kWh nucléaire augmente, TVO estime que le prix de vente de l’électricité nucléaire restera bas sur le long terme. « Le nucléaire a besoin d’être suffisamment rentable ! » s’exclame le représentant de TVO.

Pour arrêter l’hémorragie, TVO envisage une restructuration importante afin de parvenir à économiser 15 millions d’euros par an. Un plan d’économies qui pourrait se traduire par la suppression de 110 emplois sur un total de 840. Les négociations avec le personnel commencent le 14 janvier.

 


Photo : ‘Slight Uncertainty’, Prague, 2014 (Michal Trpák/Flickr/CC).