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Action de Greenpeace à la centrale nucléaire de Fessenheim le 18 mars 2014. Daniel Mueller / Greenpeace 2014

Des attaques terroristes à l’aide de drones dans trois centrales nucléaires françaises : c’est l’objet d’un rapport public que Greenpeace a sorti en Allemagne cette semaine.

Par Louis Germain

 

Parallèlement au rapport confidentiel de Greenpeace France sur la vulnérabilité des centrales nucléaires face aux drones remis aux autorités le 24 novembre, un deuxième rapport en allemand était publié sur le site internet de Greenpeace Allemagne le lendemain. Ce rapport public et disponible en ligne [1] analyse des scénarios d’attaques terroristes, assistées par des drones, des centrales nucléaires françaises de Fessenheim (Alsace), Cattenom (Moselle) et Gravelines (Nord). Ces centrales se trouvent toutes à proximité de pays frontaliers de la France (Allemagne, Suisse, Luxembourg et Belgique), aux premières loges en cas d’accident nucléaire.

 

Des drones livreurs d’explosifs

 

Rédigé par un expert nucléaire indépendant, le rapport envisage dans un premier scénario la livraison d’explosifs par des drones dans l’enceinte des centrales nucléaires à des terroristes infiltrés. Moins de dix kilos d’explosifs disposés à des points sensibles d’un réacteur suffiraient à déclencher la fusion nucléaire du cœur, selon le rapport. Cette attaque ne prendrait que quelques minutes si les terroristes infiltrés possédaient une bonne connaissance du réacteur. L’étude souligne que le recours fréquent à la sous-traitance augmente le risque d’infiltration des terroristes dans les centrales nucléaires.

 

Une attaque au lance-missiles

 

Le deuxième scénario décrit l’attaque d’un réacteur nucléaire avec des lance-missiles portables. Le rapport cite une arme russe largement répandue sur la planète et qui circule sur le marché noir. Le missile en question peut percer plus d’un mètre d’acier ou environ trois mètres de béton armé, jusqu’à cinq kilomètres de distance précise le rapport. Ces projectiles ne laisseraient aucune chance à la paroi en béton de 90 centimètres qui protège les 34 réacteurs nucléaires français de 900 mégawatts (MW) ni à celle d’environ un mètre des piscines de stockage de combustible. L’accident nucléaire majeur serait quasiment inévitable, affirme le rapport et s’accompagnerait de rejets radioactifs massifs dans l’environnement.

 

Le troisième et dernier scénario examine l’attaque d’une centrale à l’aide d’un hélicoptère rempli d’explosifs dont le rapport estime qu’elle déclencherait un accident nucléaire majeur. Dans les trois scénarios, les drones contribueraient à planifier les attentats à l’aide de prises de vue, à neutraliser à l’aide d’explosifs les forces de sécurité et le personnel venant en renfort pour lutter contre les dégâts provoqués par l’attaque. Les drones pourraient aussi livrer sur place des armes ou un gaz toxique aux terroristes, a par ailleurs déclaré John Large, l’auteur du rapport tenu secret de Greenpeace France [2].

 

Cet expert britannique a souligné le fait que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) elle-même avait identifié et rendu publique les vulnérabilités des centrales nucléaires en réalisant les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) à la suite de l’accident de Fukushima [3].

 

 


 

[1] Gefahr aus der Luft – Drohnenüberflüge bedrohen französische Atomanlagen, Oda Becker, Greenpeace Allemagne, 11.2014.

[2] http://www.europe1.fr/faits-divers/drones-les-centrales-nucleaires-menacees-2298951

[3] Publication du rapport de l’ASN sur les ECS, décembre 2011.

http://www.asn.fr/Controler/Evaluations-complementaires-de-surete/Actualites-concernant-les-ECS/Rapport-de-l-ASN-sur-les-evaluations-complementaires-de-surete-ECS