Le 29 octobre 2014 par Martin Leers

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La Hague, Cotentin

La sécurité des centrales nucléaires françaises à nouveau mise en question.

 

« Un aéronef assimilable à un drone ». C’est ce qu’a constaté EDF au-dessus de sept centrales nucléaires entre le 5 et le 20 octobre dernier. L’engin volant inconnu a pénétré les zones d’interdiction aérienne de la centrale nucléaire du Blayais, du Bugey, de Cattenom, de Chooz, de Gravelines, de Nogent-sur-Seine et de Superphénix (en cours de démantèlement).

Comme dans un moulin

Le 13 octobre un drone a survolé deux centrales différentes et le 19 octobre pas moins de quatre centrales ont vu leur espace aérien franchi. Le drone a pénétré l’espace aérien interdit deux jours consécutifs à Bugey et à Nogent-sur-Seine. L’intrus télécommandé s’est promené dans l’espace aérien des centrales nucléaires à l’ouest, à l’est, au nord et au sud-est de la France.

Selon EDF, qui a porté plainte à chaque intrusion, les survols n’ont « eu aucune conséquence sur la sûreté et le fonctionnement des installations ». Mais l’électricien est-il en mesure d’empêcher un drone de survoler des sites aussi sensibles ou détecte-t-il l’intrus volant après coup ?

Autre interrogation en suspens : EDF a-t-elle repéré toutes les intrusions ?

Un aéronef télécommandé a pu aller et venir à de multiples reprises pendant 16 jours au-dessus de réacteurs nucléaires et de piscines de combustible usé, cela laisse perplexe sur la sécurité réelle des sites nucléaires face à une intrusion aérienne. Si un engin volant télécommandé met en difficulté EDF, qu’en serait-il en cas de chute d’un avion de ligne sur une centrale ?

Sollicitée, EDF n’a pas souhaité répondre à nos questions.

« Coucou La Hague »

Qui pilote les drones ?

Est-ce une association écologiste bien connue pour ses incursions répétées, à pied ou en ULM, dans les centrales ?

Ces dernières années Greenpeace n’a eu de cesse d’entrer dans les installations nucléaires pour dénoncer la faiblesse de leurs défenses. Alors est-ce un nouveau pied de nez à EDF ?

Greenpeace a déjà eu recours à un drone en 2011 pour survoler et filmer le site nucléaire le plus sensible de France (l’usine AREVA de la Hague). L’ONG écolo a publié ses exploits en ligne dans une vidéo intitulée « Coucou La Hague ».

Le but ? Démontrer « la vulnérabilité des installations nucléaires à la menace aérienne [1] ».

Mais c’est peut-être une campagne anonyme de mesure de la radioactivité qui vient de se dérouler au-dessus du parc nucléaire d’EDF. Il est en effet envisageable d’équiper un drone d’un détecteur de radioactivité.

Mise à jour le 29.10 à 19h00

Le mystère s’épaissit puisque Greenpeace a démenti ce 29 octobre « toute implication dans ces survols de drones » sur son site internet. Selon l’association qui demande une enquête, « au moins dix sites nucléaires français ont été survolés ». Greenpeace affirme que le centre du Commissariat à l’Énergie Atomique à Saclay (Essonne), la centrale nucléaire de Pierrelatte (Drôme) et celle de Fessenheim (Haut-Rhin) auraient aussi été survolés par des drones. De plus, quatre centrales nucléaires auraient été survolées par des drones le 19 octobre selon le communiqué de l’ONG.

 

 

[1] http://energie-climat.greenpeace.fr/action-survol-de-la-centrale-du-bugey-en-paramoteur

 

Illustration : photo tirée de la vidéo de Greenpeace au-dessus des installations nucléaires de la Hague, novembre 2011.